April agitait sans conviction sa cuillère dans le café qu'elle venait de commander. A défaut de ne pouvoir demander de l'alcool, elle s'était autorisé un instant de mélancolie dans le bar d'en face. Mais qu'importe où elle posait son regard, elle le voyait de partout. Assis au fond du café, debout devant le comptoir, serré contre une autre femme. Partout.
Mais dans la surface lisse et sombre du liquide, elle distinguait avec peine le reflet troublé d'une jeune fille triste et accablé de douleur. Une douleur qu'elle ne pouvait admettre car elle était contre sa nature, contre le visage qu'elle s'était peint dès son plus jeune âge. Elle voulait être April Carthew, la reine du Lycée, la fille la plus populaire et désiré de tout l'établissement, elle ne voulait pas de cette traîtresse jalouse contemplant sa soeur en train de s'attribué l'homme qu'elle voulait séduire. Kalagann. Elle le détestait autant qu'elle l'aimait. Il lui tapait sur le nerfs plus que personne au monde, mais il la rendait plus jalouse que jamais elle ne l'avait été auparavant. C'était ... Étrange. Unique. Mystérieux. Et c'était ce mystère qui faisait qu'aujourd'hui toutes ses pensées étaient tournées sur un seul et même homme : Kalagann. La veille elle était encore furieuse contre lui, persuadé de son tord, résolu à lui faire chèrement payer son baiser. Or, lorsqu'elle les avaient vu tout les deux, Luna et lui, sa colère avait fondu comme la neige au soleil, laissant place à une douleur sourde, à une jalousie extrême. Elle n'avait d'abord pas compris et c'était efforcé de conserver une aptitude digne et hautaine mais désormais la vérité, la terrible vérité, lui était apparu comme une certitude absolue ; Elle l'aimait. Oui, d'une façon inexplicable, aussi improbable que cela pouvait paraître ; elle l'aimait. Mais il n'était pas question de revenir vers lui, non, elle était trop fière pour afficher une telle faiblesse devant le Lycée, non, tout simplement, elle ne pouvait pas.