Fleur Rouge se tourna vers lui, irrité.
" C'est effectivement cela. Vous voyez, je ne suis pas une brute, moi. Et en plus, je trouve cela particulièrement amusant et poétique, pas vous? Fleur bleue c'est tachée de sang... "
Vladimir n'était pas certain de comprendre ses paroles, mais il avait vaguement entendu parler de ce jeune assassin, tout juste arrivé dans le milieu que déjà les bruits courrait sur lui. En effet, sa sordide façon d'annoncer ses crimes était redouté et avait marqué tous les esprits. Lui même, bien que loin de le craindre, avait retenu son nom : Une fleur bleue tachée de sang sur le corps inerte de ses victimes, suffisait à indiquer la présence du meurtrier, ainsi était les ragots qu'on avait affublé à sa renommé.
" Mais toi, qui es tu? Enchaîna Fleur Rouge, comme désireux de changer de sujet.
Vladimir le toisa.
" Tu as perdu une bonne occasion de te taire, lâcha-t-il sans dissimuler son hostilité à son égard. Pour toi se sera M. Adamovitch et rien d'autre, tu n'es pas autorisé à connaitre ma véritable identité."
Il jeta un vif regard à Heather, avertissement muet visant à lui faire comprendre de taire son nom à cet homme. Il ne lui faisait pas confiance, et puis, cela lui laissait un joker en cas de problème. Qui n'aurait pas été déstabilisé d'avoir fait face ainsi au Grim Reaper sans jamais l'avoir su ? Personne. Tout simplement, personne.
Vladimir se détourna aussitôt et lança, acerbe :
" A plus tard, Fleur Rouge ... Tu as de la chance, ce soir j'ai d'autre chat à fouetter. Mais gare aux minous revêches suffisamment suicidaire pour croire en une liberté utopique. Le chat n'a plus de liberté du moment qu'il est devenu domestique. Le petit minet a désigné un camps, il a choisi de renoncer à ses souris et à ses nuits d'errance pour une vie de dépendance envers ses maitres, mais attention à leurs sautes d'humeurs , elles sont parfois dévastatrice... Sur ce, bonne chance, petit chat domestique ... "
Sans attendre de réponse, Vladimir se faufila dans une rue annexe, ne laissant pas le temps à Fleur Rouge de répliquer. Cette conversation l'agaçait, s'il ne pouvait pas le tué, il était inutile de la prolonger. De plus, Vladimir était ainsi. Il comme l'ombre, il était comme le souffle du vent, insaisissable, disparaissant quand bon lui semblait.
Mais, au fond de lui, il savait que ce n'était pas la seule raison. Non. Non, il y avait autre chose ... Quelque chose de plus profond, de plus ... Douloureux. Il tenta d'ignorer cet arrière-gout amer en lui-même, ce sentiment de vide, de dépit qui le dévorait, mais il n'avait pas la force de lutter contre. Qu'est ce qu'il lui avait pris ? Pourquoi avait-il agi ainsi ? Ce n'était pas son genre d'exploser de colère pour si peu, non, décidément, il n'avait pas été lui-même pendant plusieurs minutes, obsédé par sa fierté bafouée, aveuglé par sa soif de sang, de souffrance. Sa haine. Encore à cet instant, il désirait plus que tout au monde faire couler son sang, lire la soumission et l'humiliation dans son regard, entendre son souffle saccadé émettre des supplications désespérées ... Mais que lui prenait-il ? Vladimir était confus, égaré, comme déchiré entre deux part de lui-même. Déchiré entre une voix qui lui soufflait que l'acte barbare qu'il venait d'accomplir était contre nature, contre ce qui lui dictait son cœur et une autre, plus forte, jouissait d'un désir morbide, satisfaite de sa supériorité, de sa dignité retrouvée.
Il soupira. Il devait oublier. Oublier. Il devait aller voir Angel, elle comptait sur lui. En faite, non, elle ne comptait pas sur lui, non, lui, elle s'en moquait, ce qui importait, c'était son savoir. Oui, elle comptait sur son savoir et sur rien d'autre. Il se surpris à ressentir un peu de chagrin à ces pensées, mais se força à les chasser aussitôt.
Non, décidément, il n'était plus lui-même. Décidément, rien n'allait plus.
